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Témoignage de Naaman TARZIKHAN, CENTENAIRE, AOUT 2004


Au commencement, l’école était un terrain spacieux et informe. Des hommes de Dieux sont venus l’habiller à leur façon... C’étaient les Frères Maristes! En 1952, mon père a choisi les Frères Maristes pour mon encadrement scolaire. C’était à «Jabal-al-Nouhass» où les Frères avaient élu domicile et décidé de poursuivre leur mission éducative débutée à Alep en 1904.

Aller à «Jabal-al-Nouhass» était pour nous, enfants de l’époque, aller à «Hawl-al-Baldé», site qui, actuellement, est au centre de la nouvelle ville d’Alep, en raison de l’expansion immobilière galopante.

Le jour «J», mon père m’a conduit pour intégrer un monde nouveau, différent de la maternelle. C’était pour moi, l’inscription à «l’école des grands!».

En ce temps-là, les inscriptions se déroulaient au cercle de la jeunesse catholique.

Derrière un bureau «ministre», une personne recevait les parents accompagnés de leurs enfants qui vont faire partie de la grande famille Champagnat. Plus tard, j’ai appris à connaître, en cette personne, le Frère Mario-Raphaël, directeur du collège.

Avec le recul, j’ai compris qu’il avait été à l’origine de la construction de la clôture du collège, et de l’aménagement des cours de récréation et de tous les terrains de sport.

L’aménagement effectué ne s’était pas limité à la construction matérielle. Les espaces verts mettaient encore plus de vie autour des arbres et des buissons plantés. Ceux-ci ont poussé et grandi, au fil des années, avec les générations qui y ont défilé. Bien enracinés, ces arbres qui gardent dans leur mémoire l’œuvre des Frères Maristes, me rappellent les valeurs qu’ils nous ont inculquées: l’honnêteté, la loyauté, le respect des autres, le sacrifice, l’amour du prochain, la franchise et j’en passe. A mon tour, je ne manque pas de transmettre à mon fils ces valeurs que j’ai acquises de mes éducateurs; la nouvelle génération devrait se rendre compte que ces valeurs sont indémodables!

Les efforts des Frères, au plan scolaire, n’étaient pas moindres. Le responsable pédagogique, que nous appelions à l’époque «le Préfet» était habilité à suivre avec intérêt l’adaptation de l’élève dès son admission au collège, ses difficultés, ses lacunes, son épanouissement et ses succès. Il travaillait de pair avec les professeurs de la section. Il était toujours présent pour nous féliciter ou pour nous corriger. «Corriger fait grandir» dit-on.

Pour aider les élèves en difficulté, les punitions avaient une finalité constructive... Les sanctions étaient surveillées avec bienveillance, et suivies d’un bilan pour constater les progrès et les encourager.

Pour couronner le succès de l’élève, les Frères avaient mis en place les félicitations et les encouragements qui déclinaient pour les bons points, les immunités, les «Victoires», les billets de Second, de Premier, d’Excellence et d’Honneur. Cette dynamique a contribué à développer les potentiels des élèves ; la proportion considérable des succès aux examens nationaux témoigne de l’efficacité du synergisme de tous les moyens éducatifs mis en œuvre.

Comment oublier les autres activités scolaires, les expositions de peinture et de travaux pratiques de fin d’année, récompensées de prix et de gratifications? Comment oublier les tournois des diverses disciplines sportives, récompensés de coupes et de médailles? Comment oublier le journal trimestriel «CONTACTS» où étaient publiés des coins événementiels, des textes et des réflexions des uns et des autres?

L’esprit de compétition touchait tous les domaines au point de pouvoir former des équipes sportives, toutes disciplines confondues, issues des meilleurs sportifs de chaque classe.

L’investissement allait jusqu’à l’entraînement dur qui permettait de décrocher le titre national et mériter une notoriété qui dépassait les frontières de notre pays.

Allons faire un tour en Syrie et à l’étranger: des anciens des Frères Maristes d’Alep sont devenus des hommes de lettres, d’art, de sciences et de recherche, des économistes et des hommes d’affaires, des magistrats, des avocats et des politiciens dont un Président de la République.

Et l’accompagnement des générations sur le chemin du savoir et des valeurs, n’a-t-il pas valu aux Frères Maristes la gratitude et la reconnaissance des plus hautes autorités de notre pays? Pour n’en citer qu’un exemple parmi tant d’autres, le Frère Mario n’a-t-il pas été décoré de la Cravate de Commandeur du «Mérite National Syrien»?

Pour terminer, je dis merci aux Frères Maristes... mais je sais que je ne le dirais jamais assez... Merci... Merci... Merci...

Naaman TARZIKHAN (France)